Monday, October 09, 2006

Phone and camera stolen

Le w-e avait commencé par une soirée vendredi à perfectionner ma salsa et autres danses cadencées. Je suis aussi sortie dans une boîte appelée Macumba, rétro mais sympa. Le lendemain avait lieu un concert organisé par une radio nationale dont la langue majoritaire est twi et financé par des partenaires de travail.

Je m’étais amusée a danser avec d’autres sur la scène, devant une audience composée de nombreux enfants. On m’avait confié la tache de photographier l’intégralité de la soirée, artiste après artiste. Malgré la fatigue qui me guettait, je prenais un réel plaisir à suivre le show. Voulant monter sur la scène pour prendre des photos de la foule, je me suis retrouvée au bas de l’escalier attirée dans un élan de masse. Un peu bousculée, j’ai senti qu’on me dérobait mon appareil photos que ma main droite tenait pourtant fermement. J’ai aussitôt averti des participants. Les présentateurs ont prié dans le micro de rapporter l’appareil. Mon réflexe a été de vérifier que j’avais le reste de mes affaires sur moi, lorsque j’ai remarqué que mon sac à dos – que j’avais pourtant pris soin de passer sur le ventre – était ouvert. M’étant fait conseiller de ne plus rien sortir, je passais seulement la main par l’ouverture pour tenter de trouver mon téléphone. En vain. Afin de garder la face, j’essayais de me rassurer et de penser que je retrouverais mon téléphone a la fin de la soirée quand j’aurais plus d’espace pour le chercher. Je restais assise en haut de l’escalier tandis que les présentateurs demandaient à nouveau de rapporter l’appareil. Ils disaient : « Rendez l’appareil d’obrownie (femme blanche en twi) ; elle a capturé les images de la soirée. Sans son appareil, il n’y aura aucune trace de la soirée dans un magazine. Si elle est ici, c’est parce qu’elle vous aime… »

Tout ça est passé sur les ondes. J’ai heureusement réussi à accepter très vite même si j’y pense beaucoup, le plus difficile étant de se sentir visée. Les voleurs – je crois qu’ils étaient plusieurs – ont agi avec brio. Le sentiment ressenti est celui d’une victime a laquelle on a porté atteinte. Mais malgré la paranoia sur le moment et la plus grande vigilance qui m’habite depuis, je m’estime heureuse de ne pas avoir été agressée car je connais des récits plus effrayants que ma mésaventure. La foule est responsable en grande partie de cette chance dans l’infortune. Les gens qui volent, on les lynche ici. Je préfère donc que les voleurs aient agi subtilement.

La réflexion dans cette situation repose sur les circonstances du vol. J’assistais à ce concert dans un geste de solidarité avec la population. Voir que les gens soient divertis et que je sois la seule blanche parmi eux me donnait de la confiance. Malheureusement, certains étaient là dans un tout autre but que de prendre part à la fête.

Le concert poursuivait l’objectif d’éveiller les consciences aux enjeux des Accords de Partenariat Economique (APE). A l’heure actuelle, des négociations sont en cours entre l’Union Européenne et les Etats Afrique, Caraïbes, Pacifique (ACP). La société civile estime que ces accords de libre-échange ; s’ils sont appliqués sous leur forme présente, vont avoir des effets négatifs sur les pays pauvres et leurs populations. Elles engendreront en premier lieu une perte de revenus importante pour les gouvernements, risquant bien sûr de pénaliser les services sociaux tels que les soins de santé et l’éducation – déjà précaires.

Pour l’information, les APE (EPA, en anglais, pour ‘Economic Partnership Agreements’) viendraient remplacer les Conventions de Lomé (en vigueur depuis 1975) entre l’UE et plus de 70 anciennes colonies. Avant l’Accord de Cotonou, signé en 2000, les relations commerciales entre les deux groupes étaient non-réciproques et préférentielles, c’est-à-dire qu’elles permettaient aux marchandises des ACP d’entrer dans les pays de l’UE sans devoir affronter les tarifs ou les quotas à l’importation ni devoir forcement libéraliser de leur côté. Toutefois, ces accords n’ont pas permis à la majorité des pays pauvres de progresser.

Ce que l’UE souhaite à présent est que cette relation devienne réciproque, que les ACP ouvrent donc leurs frontieres aux produits – essentiellement manufacturés – et aux services de l’UE, dont les compagnies bénéficieraient des mêmes conditions que les entreprises nationales des ACP. On se dit que ce genre de termes réduirait plus encore la marge de manœuvre des pays en développement ou moins avancés pour se développer et que la situation reviendraient à consigner les ACP à l’exportation de matières premières sans possibilité de s’industrialiser. De plus, les pays deviendraient davantage incapables de concurrencer les produits importés sur leur territoire. C’est déjà notamment le cas au Ghana du riz, de la tomate et du poulet. L’injustice de cette situation est que les producteurs européens et américains reçoivent des aides financières énormes les incitant à produire plus que les consommateurs en ont besoin et, ensuite, à revendre à prix bas sur le marché international, résultant en une baisse drastique des prix (exemples du coton, sucre) et anéantissant les producteurs des pays pauvres, manquant des mêmes ressources pour favoriser leurs entreprises et ‘rivaliser’.

Qu’une fille de Belgique, située au centre de l’Union Européenne, participe à la campagne ‘Non aux APE’ (dans leur forme actuelle ) est davantage qu’ironique. Changer les mentalités, en Europe et en Afrique, est une entreprise de longue haleine. Pourtant… La citation que je retiens du concert me décrivait, alors que j’avais perdu mon appareil, en ‘poor white lady’. Une antinomie sans doute pour la plupart des gens assistant au concert et dans ce monde aux flagrantes inégalités ou la domination et l’argent s’associent souvent aux caractéristiques physiques de la race aryenne. Même s’il y a des exceptions qui confirment la règle.

1 Comments:

At 12:41 PM, Anonymous Anonymous said...

c desolant d'entendre que tu te soit faite voler ton appereil photo et ton tel au cours de cette soiree le plus important c'est qu'ils ne sont pas pris a ta persone .C encore un preuve de la betise humaine qui meme dans un momment de partage peut se changer en une volonte abjecte DE VOLER
Ne soit pas trop decu de cette mesaventure , ca fait partie de la vie de ces travers mais dit toi bien que ca ne fait que grandir ton experience
take care Pascal

 

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