Wednesday, November 22, 2006

L’Afrique au Centre du Monde (1/4)

Je découvre un peu plus l’Afrique – Centrale, cette fois – grâce à mes nouveaux voisins tchadiens. L’un est militaire, en permission pour 12 mois, ayant exécuté des missions notamment en République Démocratique du Congo (RDC) au moment du renversement de Laurent Désiré Kabila ; son cousin, Jamal, est étudiant en économie au Niger, prenant des cours en anglais et d’informatique pendant quelques mois à Accra.

Leurs récits et conversations m’ont donné envie d’explorer d’autres lieux africains, en particulier le Sahel ainsi que l’ancienne colonie belge, Congo-Zaïre. Un jour j’espère… Le premier m’a permis d’approcher la situation des conflits en Afrique, en particulier dans la Région des Grands Lacs. Selon lui, il convient de distinguer entre guerres d’intérêts dans des pays – comme la RDC et la Côte d’Ivoire –, riches en ressources naturelles, et guerres politiques et/ou ethniques – comme au Tchad, Rwanda, et dans la Corne de l’Afrique où s’affrontent populations noires et arabes, et ethnies rivales. La démarcation arbitraire des frontières datant de la colonisation et réaffirmée à l’indépendance est une cause flagrante.

Le deuxième m’a conforté dans mon idée selon laquelle j’écrivais qu’il ne saurait y avoir de coexistence entre capitalisme et démocratie. Je le cite : « Le capitalisme et la démocratie son complément », ce que j’interprète comme signifiant que l’une sert les intérêts de l’autre. Il a défini le capitalisme comme ‘l’exploitation de l’homme par l’homme’. Il a ensuite cité quelques exemples pour appuyer sa thèse: la démocratie des Etats-Unis ; les récentes élections en RDC dont les résultats proclament Joseph Kabila vainqueur avec un peu plus de 58% des votes contre près de 42% pour Bemba. Pour le citoyen tchadien, « 58% sont dans la démocratie tandis que les 42% restant vivront dans la dictature ».

Pas mal d’Africains que j’ai rencontrés sont sceptiques quant à l’applicabilité de la démocratie dans leur pays. Jamal identifie des avantages à la gouvernance d’un pays par un seul dirigeant : le long-terme au-delà de la durée du mandat habituel de 5 ans ; l’absence de partisans, donc le développement plus uniforme du pays contrairement à la poursuite du seul bien-être de ceux qui ont voté pour le parti au pouvoir, généralement source d’inégalités entre régions, une moindre prévalence de la corruption.
Mes deux interlocuteurs racontaient également l’ingérence de l’Ouest – gouvernements, Banque Mondiale (BM), Fonds Monétaire International (FMI) – dans les affaires internes des autres pays. Par exemple, après la découverte de pétrole au Tchad, le pays africain signa un accord avec la BM pour extraire et exporter. Cet accord prévoyait que 10% des revenus iraient aux générations futures. Ainsi, les fonds ont été bloqués alors que ‘la génération présente a besoin d’argent maintenant’. Où? Sur un compte de la Citibank à Londres! Voir cet article ‘La Banque Mondiale dans de sales draps au Tchad’ du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde France et Belgique, http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=1688.

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